Puisque l'écriture est mon médium artistique favori, j'ai conçu ce blog pour partager mes réflexions et expériences car tout, chez moi, est "hyper" : l'activité cérébrale, les émotions, les sens, la perception, l'empathie, l'intuition... Diagnostiquée TDA(H), puis Asperger et HP à l'aube de mes 50 ans, j'explore ces étiquettes et j'exprime mes découvertes et ressentis..

dimanche 2 décembre 2018

La valeur des choses


Je ne m'avancerai pas pour TOUS les hypersensibles, mais d'après ce que je ressens et de que j'observe autour de moi, rien n'est jamais négligeable, pour nous.

Chaque détail, chaque émotion ou sentiment, chaque concept, chaque événement, aussi petit soit-il, chaque comportement, même celui qui pourrait passer pour insignifiant, chaque chose, chaque mot, chaque humain, chaque être vivant, est à valeur égale, à nos yeux.

Notre hyper-ressenti, l'hyper-attention que nous accordons à ce que nous voyons, ne nous laisse pas le loisir de hiérarchiser par ordre d'importance ce qui nous arrive ou ce dont nous sommes témoins.
L'intensité est immuable, quasi invariable, pour les hypersensibles empathiques.

La catégorisation et la hiérarchisation, c'est quelque chose que nous apprenons contraints et forcés en grandissant lorsque nous nous rendons compte à quel point nous sommes en décalage par rapport aux réactions des adultes autour de nous et surtout, quand une forme de honte commence à nous assaillir alors qu'au sortir de l'enfance, une certaine sensibilité n'est plus communément acceptée.

Nous apprenons à prioriser, mais cela ne nous transforme pas : nous continuons à ressentir, ce n'est pas un choix, comme la personne gauchère qui se force à écrire à la main droite demeure gauchère dans sa manière d'être. 

Et donc, nous apprenons à nous nier, à nous brimer tout seuls, alors qu'à l'aube de l'adolescence, on nous pique de réflexions blessantes ou de réprimandes parce que nous avons les larmes aux yeux, ou que nous sommes choqués, profondément affectés par ce que les autres prennent pour des broutilles.

Après une boutade qui ne nous était même pas adressée et dans laquelle nous avons perçu le sous-entendu blessant ainsi que la blessure bien dissimulée qu'il a causée, nous nous entendons dire : "Mais c'était pour rire, hein, ohlàlà t'es pas doué pour le second degré, toi !"

Non, le second degré, c'est aussi quelque chose que les hypersensibles  empathiques apprennent tardivement et avec réluctance, encore une fois contraints et forcés par la populace normalisatrice, si j'ose dire, ainsi que les notions de cynisme et de sarcasme. Nous les apprenons sans les concevoir ni les agréer, et sans les pratiquer ! Ou alors en nous égratignant profondément pour être acceptés par le groupe. Ou encore par blindage ! L'armure des hypersensible se mue souvent, ais-je remarqué, en un cynisme exacerbé : tout prendre au second degré ou avec l'humour le plus noir qui soit diminue la souffrance, mais ça ne soigne pas mieux qu'un emplâtre sur une jambe de bois. Et ça permet d'être accepté.
La société tolère facilement un haut degré de cynisme alors qu'elle moque toujours un haut degré de sensibilité.
Le cynisme est artificiel (fabriqué), la sensibilité est naturelle (innée).
Notre société est artificielle dans ses fondements et fonctionnements mêmes. Le cynisme est, pour l'hypersensible, le meilleur des camouflages.



En définitive, nous avons l'impression d'être entourés de personnes non seulement insensibles, en comparaison à ce que nous ressentons, mais également indifférentes. Ainsi grandit la conviction d'être des extra-terrestres ! Vient alors la difficulté d'intégration, la préférence pour la solitude, la peur des groupes, une aversion pour les mouvements de jeunesse, puis les séminaires, les team-buildings et autres rassemblements où se jouent inévitablement des rapports de forces, où le plus pragmatique, le plus cynique, le plus dur, le plus drôle, parfois, finira toujours par régner en leader et où le plus sensible souhaitera rentrer sous terre et disparaître, condamné à dissimuler sa particularité, son ressenti qui, souvent, reflète des vérités que tous les autres, dans leur foutue dynamique de groupe, préfèrent ignorer et maintenir sous les masques.
Car tous jouent un rôle. Tous ont dû brimer leur sensibilité, à différents degrés, au sortir de l'enfance. Et tous veulent à tout prix éviter d'en parler, craignent que cela se révèle.
L'hypersensible empathique (tous les hypersensibles ne sont pas forcément empathiques) perçoit les masques et ce qu'il y a en-dessous. Il ne sait pas toujours quoi en faire dans ce monde d'hypocrites. Il est étonné de la facilité qu'ont les autres humains à se durcir, à s'aveugler, à traverser la vie sans en être affecté, en accordant aux choses un minimum d'importance car ils sont capables de prioriser, eux !

Et  cela alors que la société remet à la mode la bienveillance d'une manière aussi artificielle que tout le reste, c'est à dire sans jamais revoir les comportements éducatifs ou fonctionnements sociaux qui éteignent ou massacre la sensibilité.

Pourtant, cette sensibilité pourrait être tellement utile à ces changements que personne ne souhaite vraiment, des changements réels et non symptomatiques, pour une fois.
Car une vision superficielle et détachée des choses ne permet que des solutions symptomatiques.
Alors qu'une appréhension également importante de toutes choses et la vision des interconnections et interinfluences poussent à des solutions touchant à la moelle, à l'ADN, de la société.

C'est pour cela que j'ai décidé de ne plus brimer ma sensibilité mais de l'exploiter - dans le bon sens du terme - au contraire; Je sais que ma vision des choses est souvent "chiante" dans ce monde déshumanisé, actuellement dopé au positivisme et au déni, mais peu importe.

Le moindre détail a de l'importance.
J'irai mettre le doigt dessus, ne vous en déplaise...



FLB




lundi 23 juillet 2018

L'empathie et la compassion





Il me semble important de préciser les nuances entre les facultés et vertus relationnelles.

L'empathie, du mot grec composé du préfixe "en" ("εν") et de "pathos" ("παθος"), "ce que l'on éprouve" et "état de l'âme agitée par des circonstances extérieures" ou "disposition". C'est donc la faculté de ressentir l'état émotionnel d'autrui. 

Cela ne vient pas automatiquement avec de la compassion.

Le mot compassion vient du latin : cum patior, « je souffre avec » et du grec συμ πἀθεια , sym patheia, sympathie. Elle est une vertu par laquelle un individu est porté à percevoir ou ressentir la souffrance d'autrui, et se sent poussé à y remédier. 
C'est principalement ce dernier point qui différencie l'empathie de la compassion.




En tant qu'hype-empathique, m'arrive fréquemment de ressentir ET de comprendre les émotions mélangées, la détresse, de la personne qui se confie à moi ou qui m'explique le drame qui lui arrive, et pourtant je n'ai pas la moindre envie de m'y intéresser ou d'y faire quoi que ce soit !
Mon empathie est toujours aussi efficace, omniprésente. 
Ma compassion est absente.
Cela peut-être parce que je pressens de la fausseté par rapport à ce qui m'est raconté, ou bien que je n'ai aucune sympathie (similitude, rapprochement, affinité) pour la personne, qu'elle suscite une certaine méfiance ou distance à cause d'expériences précédentes, ou encore parce qu'à ce moment là, mes limites physiques (la fatigue, principalement) m'empêchent d'intervenir, de m'investir, sabotent ma volonté et provoquent un rejet de l'effort à fournir, ne fut-ce qu'en écoute ou en paroles de réconfort.

De la même manière, une personne hypersensible n'est pas forcément empathique : elle perçoit tout très fort, ses 5 sens et ses propres émotions (colère, peur, chagrin, déception, joie, etc.) sont démultipliées, son ressenti (froid, fatigue, faim, stress) est exacerbé, mais elle ne possède pas forcément la connexion empathique, soit la capacité de percevoir ce que l'autre ressent ! 

Ainsi, le surdoué n'est pas forcément hypersensible.
L'hypersensible n'est pas forcément empathique.
L'empathique n'est pas forcément compatissant.

En fait, de nombreux manipulateurs pervers narcissiques sont empathiques : ils  discernent parfaitement, souvent inconsciemment, les émotions de l'autre, et c'est ce qui leur permet de jouer dessus !

L'empathie, à elle seule, n'est donc pas une vertu (force qui incite à tendre au bien,  ou volonté qui habilite l'homme à agir bien, opposée au vice, selon Aristote), c'est à dire qu'elle n'implique pas forcément que la personne est prête à aider, à s'impliquer, à œuvrer pour le mieux-être de l'autre. L'empathie est simplement une faculté de compréhension, une  forme d'intelligence qui, comme tout, demande une conscientisation pour se concrétiser. 


Je peux rester là à souffrir pour toi, avec toi, des journées entières, et ne pas lever le petit doigt parce que je manque de compassion ou, tout simplement, d'énergie.

Je peux ainsi percevoir, parfois malgré moi, tes secrets émotionnels et ne pas vouloir aider concrètement. 

Je sais aussi que je ne dois pas forcément ou systématiquement intervenir !

Certaines personnes sont naturellement compatissantes, et elle se font souvent "bouffer toutes crues", elles s'épuisent, se laissent exploiter. Elles ont le coeur énorme, sur la main, l'expression est appropriée. Elles ne sont pas particulièrement empathiques dans le sens où elle ne perçoivent que la souffrance comme un appel à leur dévouement, et pas forcément les autres émotions.
Là aussi, une conscientisation est de mise.

L'empathie, par contre, n'est pas forcément un choix, malgré ce que j'en lis sur internet, ces derniers temps. Cette faculté, nous l'avons tous et toutes à des doses différentes même si, dans notre enfance, elle était naturellement assez présente. Mais la vie et l'éducation nous imperméabilisent ou nous rendent "poreux", c'est selon...

Certaines personnes sont douées pour les langues, d'autres pas, certaines pour les maths, d'autres moins, certaines ont l'esprit littéraire ou artistique, d'autres, mathématique et scientifique.
Parallèlement, certaines personnes sont douées d'une empathie plus développée. Evidemment, une personne peut travailler à acquérir les connaissances scientifiques bien qu'elle soit littéraire, mais il en va autrement avec l'empathie, à mon sens. L'empathie, la connexion, est présente à son degré chez chacun, et certains sont plus connectés comme d'autres ont la "bosse des math", une créativité artistique spontanée ou le sens inné de l'orientation.

Je crois, par contre, que la compassion est un choix ou, du moins, une vertu qui  peut s'exercer et se raffiner avec le plus ou moins d'empathie dont nous disposons, ne pensez-vous pas ? 

Et je pense que la compassion totalement dénuée d'empathie, c'est tout simplement de la charité. Une démarche qui va du haut vers le bas.

En revanche, s'il y a de l'amour, alors là, la compassion est automatique ❤

Et l'amour, lui, est-il un choix ?

Cela dépend, sans doute, de quel type d'amour il s'agit...

Une question pour un autre article !
Vos idées, à ce sujet, sont les bienvenues en commentaire 😊



FLB











mercredi 4 juillet 2018

La tyrannie de la connexion

Il y a très, très, très, très longtemps, avant que la civilisation ne nous détache de notre nature et de la nature, nous divise et nous cloisonne et fasse de nous des cerveaux ambulants, réduisant notre perception à un réseau de neuro-transmetteurs, notre intelligence à une activité cérébrale et notre sensibilité, à une faiblesse, nous savions que tout était connecté. Nous étions "branchés" sur ce réseau intuitif et cognitif de la vie, interespèces, interhumains. 
Comme le sont encore les animaux libres et les enfants.
Les individus non domestiqués.

Les empathes d'aujourd'hui, malgré les millénaires, l'environnement artificiel, la technologie et la dictature du mental, sont toujours connectés.


Le problème est qu'ils s'imaginent tout naturellement que que cette connection est réciproque. C'est pourtant très rarement le cas...

Que ce soit dans un grand magasin, à la piscine, en marchant dans la rue, dans une salle d'attente, chaque personne que je croise, je cherche son regard. Je suis hyperconsciente d'elle et de moi. C'est comme si l'un et l'autre existions d'une manière plus intense que ce qui est appréhensif car, la plupart du temps, pour ces personnes, je n'existe pas. Elles me voient sans prendre en compte mon existence, ou si peu, alors que moi, je les ressens. Leur présence prend énormément de place dans ma bulle. 
Pour moi, il n'y a jamais d'inconnus mais littéralement, uniquement, des frères et des sœurs. Des proches.

Certaines connexions sont plus fortes, plus évidentes, que d'autres. J'ai longtemps cru que je tombais amoureuse trop facilement et de trop de monde. C'était avant que je comprenne cette histoire de connexion. Il y a tout simplement des personnes que je nomme des "âmes sœurs", des consciences semblables à la mienne de par leur expérience de vie, auxquelles j'accroche instantanément. C'est un peu comme tomber amoureux, oui, mais pas romantiquement. 
Plutôt... spirituellement. 
Ces personnes m'attirent ou me fascinent également parce que je ressens en elles ce qui me manque en moi. Un savoir, une expérience, une caractéristique, dont j'envie l'échange.
Je sais faire la différence, à présent, entre ces connexions spéciales et une attirance physique et/ou sentimentale.

Autrefois, alors que j'étais religieusement conditionnée à la soumission à Dieu et à mes semblables, au service de Dieu et de mes semblables, je vivais dans la confusion et la souffrance (bien masquée) de ne jamais recevoir, de la part des autres (ni de Dieu, d'ailleurs) autant d'intérêt, de considération, de compréhension, que j'en ressentais pour eux. 
Très vite, je me suis culpabilisée d'une sensibilité perçue comme de la sensiblerie, mais plus je la combattais, plus elle devenais tyrannique. Comment me défaire d'une puissante antenne incorporée dénuée de bouton "off" ?!

Tant que j'étais sous conditionnement, je ne pouvais gérer convenablement ce don. Il ne me valait que des déboires et me poussait à me nier, à plus que tout désirer me durcir.
Parfois, je détestais les autres, ces insensibles. Parfois, je me détestais moi-même, cette extra-terrestre.

Une fois libérée de la cage mentale, j'ai commencé à conscientiser.

L'aide la plus précieuse que je me suis accordée fut la méditation.
J'ai découvert cet outil grâce à une séance de communication intuitive, lors d'une formation en équi-coaching.
C'est le meilleur moyen de conscientiser la manière dont nous fonctionnons pour reprendre notre souveraineté, pour être en possession de nous-mêmes, pour récupérer notre pouvoir personnel.

Le but est d'observer au lieu de subir, d'accueillir au lieu de nier, de comprendre au lieu de juger, et ensuite, de passer de la réaction à la création.

En ce qui me concerne, ce travail est toujours en cours, je n'y suis pas encore passée maître, loin de là...
Néanmoins, grâce à la méditation, j'ai appris à discerner les émotions "fabriquées", induites par conditionnement et les médias, et les authentiques. J'ai rendu son rôle à l'intuition et remis à sa place le mental. J'ai visualisé les connections et perçu ses nombreuses voies à sens unique.


La pleine conscience m'a également permis de créer un circuit fermé. Par exemple, lorsque je nage à la piscine, tout en faisant mes longueurs, je ferme les connexions. Je me concentre sur les mouvements, leur ampleur, leur symbolique, l'effort du corps, la respiration. Je resserre ma bulle, la rend imperméable pour un temps. Je suis consciente des autres nageurs uniquement dans la dimension physique, au niveau spatial.
Ça me fait des vacances !

Tout le monde n'a pas besoin d'une connection humaine intense et immédiate. La plupart des gens se débrouillent très bien sans.
Mieux, même !
Nous vivons dans une société où la seule connection qui reste est artificielle, technologique, et ceux qui savent s'en contenter s'en sortent parfaitement puisque "réussir" sa vie ne réclame rien d'intrinsèquement humain...
Les moins sensibles/empathes peuvent se permettre d'être opportunistes, ils ne sont pas affublés de scrupules. Il réussissent plus facilement professionnellement et socialement.

J'apprends donc à ne pas attendre un retour de connection, de présence, d'importance, mais c'est douloureux. Je le perçois souvent comme un manque. Une forme d'abandon. Une grande solitude au milieu de la multitude.
Mais je ne me durcirai pas.

Je vais trouver le moyen de rendre utiles ma connectivité humaine, mon empathie naturelle, mon hypersensibilité.
Et peut-être serai-je contagieuse....

Et peut-être qu'un jour, nous nous reconnecterons sciemment et consciemment !


FLB